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1812 : la défaite de Napoléon en Russie (2/2)

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Napoléon et la campagne de Russie

Moscou. Le Kremlin brille au loin et Napoléon est convaincu qu’en entrant dans la « troisième Rome », Alexandre acceptera la paix. A peine est-il arrivé que les flammes déciment les monuments et les isbas. Les trésors de l’histoire russes se consument sous les yeux impuissants de Napoléon. Le gouverneur Rostopchine, camouflé des habits de Néron, organisa l’incendie de Moscou pour éviter à l’armée française de piller, de trouver des vivres, de sympathiser avec la population. L’événement résonne comme un éclair dans toute la Russie et la propagande remplit son rôle. Elle endosse la responsabilité du crime à un « ogre corse ». La population russe s’unit derrière son tsar. De cette guerre naît le patriotisme russe, sublimé par Tolstoï dans Guerre et Paix.

Un mois s’écoule et toujours rien. Napoléon se résigne. Il n’y a pas assez de vivres pour passer l’hiver à Moscou. La retraite est sonnée. Aucune consigne générale n’a été donnée pour s’armer contre le froid. Les russes fondent sur les français et la victoire de Napoléon à Maloïaroslavets n’est qu’un leurre : Napoléon doit reprendre pour le retour le même chemin qu’à l’aller, terre encore fumante des incendies russes. Le « général hiver » apparaît et usent de ses armes diaboliques, meurtrières, barbares pour faire payer à une armée de génie ses erreurs stratégiques. La neige parvient à faire oublier les températures glaciales. Les soldats marchent sur les cadavres de leurs amis morts au combat quelques mois plus tôt, corps morts gelés comme le nez, les pieds, les doigts des vivants. Les traînards meurent acculés par les cosaques. Au prestige de la Grande Armée se substitue le déshonneur de l’anthropophagie. Lutter pour survivre alors qu’ils ont lutté contre les plus grandes armées du monde, toujours dans la victoire.

Tout a failli se jouer à la Bérézina. Ce fleuve, chargé de blocs de glace, n’avaient plus de pont. Impossible de le franchir sans le sacrifice des pontonniers du général Eblé, héros dans la tourmente. De ce sacrifice héroïque il ne reste pourtant que le souvenir d’un immense gâchis. Surpris par les Russes, la traversée des ponts fut trop longue pour des civils trop timorés. Ils souhaitaient traverser le fleuve de jour, sans affronter les tirs des Russes. Pour sauver le reste de son armée, Napoléon fit sauter le pont et offrit aux russes des milliers de prisonniers. Mais l’important n’est pas là : désormais, la retraite est assurée.

Dans le même temps, le trône de Napoléon vacille. Sans nouvelle de Paris car les lettres sont interceptées par les cosaques, Napoléon décide de se séparer de ses troupes dès lors qu’il apprend qu’un général multirécidiviste, le général Malet, a fomenté un coup d’Etat loufoque et arrêté à temps contre son pouvoir. Murat est nommé pour ramener le gros des troupes en France. Ce sera chose faite en décembre 1812 : il franchit le Niémen avec 50 000 soldats. De cette déroute, on retiendra l’image du colonel Chabert de Balzac, de retour à Paris durant la monarchie, en héros oublié.

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